De l’Irak au Canada : « Je peux à nouveau rêver »
Arrivé au Canada en décembre 2017, Hamdi Hamad obtiendra bientôt son diplôme de fin de secondaire. Il rêve de poursuivre ses études en droit afin de pouvoir défendre la cause des personnes marginalisées. Quelques années plus tôt cet espoir lui avait été volé par l’insécurité dans son pays.
Entre 2014 et 2017, Hamdi Hamad et sa famille ont connu une série interminable de souffrances. Originaire de l’Irak sa famille faisait partie des Yazidis qui ont été pris pour cible par le groupe ISIS. Des milliers d’entre eux ont été kidnappés et tués par ISIS. Hamdi a ainsi perdu son père et son jeune frère de 15 ans qui ont été tués. Il se rappelle avoir vécu durant des années « dans la peur et l’insécurité ».
Pour échapper à cette terreur et à leurs bourreaux, Hamdi et sa famille, se sont déplacés vers le nord de l’Irak. Même là, l’insécurité était omniprésente. Le jeune adolescent ne se permettait plus de rêver. « Je ne rêvais que d’une chose, partir, se rappelle-t-il. On ne pouvait entrevoir aucun futur. Même si je graduais je n’aurais eu aucune garantis de faire carrière dans un domaine ou d’atteindre mes objectifs dans la vie. »
À 17 ans, il arrive au Canada et voit renaître une lueur d’espoir. Accueilli par l’Accueil francophone la famille a été logée, orientée et accompagnée pour un établissement réussi. « Je crois qu’on a joué notre rôle comme fournisseur de service. C’est le moins que l’on puisse faire. On a aidé à inscrire les enfants comme Hamdi à l’école. Aujourd’hui c’est beau de voir toutes ces personnes s’intégrer, graduer et accomplir leur rêve. Quand ils réussissent, on peut dire qu’on a réussi notre travail », se félicite , la directrice de l’Accueil francophone, Bintou Sacko.
« J’ai commencé avec un niveau zéro en anglais », se rappelle Hamdi Hamad. Les cours obtenus, la volonté de réussir et de bien s’intégrer, ainsi que la connexion avec la communauté, sont les éléments qui lui permettent aujourd’hui de rêver d’un avenir meilleur. « J’étais déjà en 11e année dans mon pays. J’étais déjà sur le point de graduer. J’ai dû tout recommencer, et là, je suis sur le point d’enfin graduer, dans une langue différente. Je pense que c’est quelque chose qui mérite que l’on soit fier », commente-t-il.
À quelques semaines de sa graduation Hamdi fait un clin d’oeil à toute la communauté Yazidi et invite les jeunes réfugiés Yazidis à ne pas baisser les bras. « Je sais que la communauté et surtout les jeunes souffrent encore beaucoup des traumatismes vécus. Mais les Yazidis sont des personnes tellement braves. Je vous invite à ne pas abandonner vos rêves. Vous pouvez tous graduer et avoir du succès dans ce pays. »